dimanche 25 septembre 2011

UN AMOUR DE GREG

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       Je m’appelle Greg, j’ai quarante-trois ans et je suis célibataire. Je suis prof de math et je gagne bien ma vie. Ma vie est simple : métro, boulot, dodo. Je fais ça depuis toujours et rien d’autre. Je ne vois personne car je ne sors jamais. Je n’ai pas d’amis. Je ne suis jamais allé au cinéma, au théâtre, au musée. Je ne pars jamais en vacances. Je n’ai jamais quitté ma ville. Lorsque je ne suis pas au travail je suis à la maison. Lorsque je suis à la maison je plonge mon nez dans un livre et je résous des équations, des problèmes…


      Il y deux ans, j’ai rencontré Brenda. J’étais dans le métro et elle été assise en face de moi. Lorsque j’ai levé mes yeux, elle m’a souri. J’ai regardé autour de moi, mais il n’y avait personne, alors j’ai replongé le nez dans mon livre avec mes équations, mes problèmes… Puis quelqu'un s’est assit à coté de moi.

      - Dès que je vous ai vu, je l’ai su tout de suite : on est fait l’un pour l’autre ! entendis-je à mon oreille. J’ai tourné la tête, à coté de moi, Brenda me regardait tout sourire. Elle m’élança de ses bras et se colla contre moi. J’ai fermé mon livre.

      Puis, je crois que je suis tombé amoureux et j’ai décidé de tout partagé avec Brenda : ma maison, mon argent, ma vie. Ma vie changea de façon radicale : voyages, restaurants, dîners dansants. Brenda connaissait beaucoup du monde et elle avait beaucoup d’amis. On voyait beaucoup du monde et beaucoup du monde nous rendait visite. On se couchait tard et on se levait tard. J’étais souvent absent à mon travail. C’est pour cela mon contrat de prof n’a pas été renouvelé… et un jour je me suis retrouvé sans emploi. J’ai emprunté de l’argent dans l’espoir que bientôt j’allais trouver un autre travail. J’ai cherché longtemps, mais sans résultat et finalement, j’ai été obligé de vendre ma maison pour rembourser la banque. Et puis me voilà un jour avec deux valises, le tout de ce qu’il me reste : une avec des habits et l’autre avec mes livres d’équations, mes problèmes…

        Ce jour-là, j’ai regardé Brenda dans les yeux et lui ai dit que nos chemins se séparaient. Elle se jeta à mes pieds en me suppliant de ne pas la quitter car on était fait l’un pour l’autre. J’ai rassemblé toutes mes forces et je lui ai tourné les talons, mais elle resta accrochée à ma jambe. Alors j’ai décidé de la prendre avec moi et nous sommes partis ensemble sans connaître notre direction. J’ai acheté deux tickets et nous avons pris le métro. En face de nous il y avait un monsieur chauve à la cinquantaine. Il portait des lunettes avec des grosses lentilles et il lisait un journal. Brenda dégagea mon bras pour redresser sa coiffure, puis s’approcha de lui et prit place tout juste à coté de lui tout en le regardant fixement. Lorsque celui-ci leva les yeux, elle lui adressa un large sourire, puis l’élança de ses bras se cola contre lui, et en approchant les lèvres de ses oreilles chuchota :

     - Dès que je vous ai vu, je l’ai su tout de suite : on est fait l’un pour l’autre !